Paul

À sa mort, Paul devint un satellite. Paul était le hamster russe de Manon, une dame qui vient de prendre sa retraite. Elle s’était réjouie de cette vie libre sans devoirs ni responsabilités. Mais avec la mort de son meilleur ami, Manon perdit sa joie et curiosité.
Elle avait imaginé sa retraite comme une nouvelle source d’énergie. Elle avait planifié de découvrir des activités de loisir qu’elle ne connaissait pas encore, comme l’art de faire du pain, la photographie ou l’étude du Chinois.
En réalité elle passe ses jours à nettoyer, faire les courses et rencontrer n’importe qui, qu’elle a croisé au supermarché et avec qui on s’est promis de « enfin se voir bientôt ». Durant la journée, Manon est occupée et ne pense pas souvent à son hamster. Mais quand la nuit tombe, elle regrette son petit Paul, son auditeur et son soutien. Elle aimerait sentir le pelage satiné et faire face aux yeux bouton de Paul. La nuit, Paul est présent par son absence.
Comme la lune, Paul est maintenant un satellite qu’on ne voit pas quand le soleil brille, mais qui apparaît avec l’obscurité. Manon éprouve les douleurs les plus graves les nuits de pleine lune, quand son ami perdu accapare le ciel de même que son cœur endolori, et quand il jette un rayon blême de la tristesse sur Manon qui répond avec des yeux aussi pâles que le rayon et sanglote comme le sifflement d’un hamster russe.